Les champignons médicinaux ? Kesako ? Utilisés depuis des millénaires dans les médecines traditionnelles, les champignons médicinaux ont longtemps été absents de la pharmacopée moderne. Pourtant, ils connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt croissant en Occident grâce à l’évolution des pratiques de bien-être et de santé naturelle. Après la naturopathie, c’est au tour de la médecine classique de s’interroger sur les vertus thérapeutiques de ces champignons qui promettent de nombreux bienfaits, tant sur le plan physique que mental. Réduction du stress, amélioration des fonctions cognitives, vertus anti-inflammatoires et antioxydantes, et même, avec la psilocybine, traitement de la dépression et de certaines addictions… Et si les champignons médicinaux étaient notre nouvel atout pour renforcer notre organisme et surmonter les défis de la vie moderne ?
Nous vous proposons ici de découvrir les différents types de champignons médicinaux ainsi que leurs bienfaits sur la santé et les meilleures façons de les consommer sans prendre de risque. Que vous soyez novice ou déjà familier de mycothérapie, nous vous invitons à mieux comprendre ces trésors naturels pour en faire des alliés de votre bien-être au quotidien.
Table des matières
Comprendre les champignons médicinaux
Qu’est-ce qu’un champignon médicinal ?
Même si notre propos n’est pas de vous offrir un cours de biologie, il est nécessaire de revenir sur quelques éléments préalables. En français, le terme champignon est assez ambigu. Il s’applique en réalité à différents organismes unicellulaires ou pluricellulaires (eumycètes, oomycètes, chytridiomycètes et mycétozoaires pour les intimes). Pour le commun des mortels, le terme champignon peut donc aussi bien servir à désigner un Cèpe de Bordeaux qu’une maladie de peau… C’est dire la difficulté à classer correctement ces mystérieux organismes, différents des plantes et aussi dangereux que vertueux.
Parmi les eucaryotes, donc, nous avons tous l’image de cet organisme vivant au pied généralement surmonté d’un chapeau qui accompagne nos poêlées forestières… Or, au sein même de cette famille, certaines espèces ont des propriétés thérapeutiques spécifiques : ce sont eux que l’on nomme champignons médicinaux ou encore parfois champignons fonctionnels. En effet, ils contiennent des composés bioactifs particuliers tels que les polysaccharides ou les bêta-glucanes. Ceux-ci, par exemple, sont reconnus pour leur capacité à renforcer les défenses immunitaires, mais aussi à combattre le stress oxydatif et diminuer l’inflammation. C’est la grande diversité de ces composés chimiques qui fait des champignons médicinaux une véritable manne pour l’amélioration de notre santé.
Certains enfin, comme le Psilocybe Cubensis, se distinguent par la présence de psilocybine : ils ont alors un effet psychoactif. Naturellement présente dans certains champignons médicinaux, cette molécule est désormais largement étudiée pour ses effets bénéfiques sur la santé mentale et émotionnelle. Les dernières recherches s’intéressent notamment aux interactions entre la psilocybine et les récepteurs de la sérotonine dans le cerveau humain, ouvrant le champ à de vastes possibilités thérapeutiques (traitement de la dépression, des trauma mais aussi des addictions).
Un peu d’histoire : les champignons et la médecine traditionnelle
Les champignons médicinaux font partie de la pharmacopée traditionnelle depuis des millénaires : on les retrouve dans la médecine traditionnelle chinoise et japonaise, chez les hommes-médecines des cultures amérindiennes mais aussi dans la culture aborigène.
Ainsi en Asie des variétés telles que le Reishi, le Shiitaké ou encore le Cordyceps entraient dans des préparations destinées à renforcer l’endurance et à prolonger la vie. Mais ces cultures utilisaient également les champignons pour leurs propriétés revitalisantes et spirituelles. La psilocybine a ainsi une longue histoire : les chamans Aztèques et Mayas utilisaient les champignons psychoactifs lors de cérémonies rituelles favorisant l’apparition d’états modifiés de conscience.
Devenus symboles de longévité, ils ont d’abord inspiré des pratiques alternatives en Occident : en naturopathie et dans diverses pratiques de santé holistiques. Aujourd’hui, c’est au tour de la médecine de s’intéresser aux bienfaits thérapeutiques des champignons, particulièrement dans le traitement des troubles psychologiques.
Champignons médicinaux : des bienfaits insoupçonnés sur la santé !
Renforcer le système immunitaire
Certains champignons seraient particulièrement intéressants pour leur capacité à renforcer le système immunitaire, ce qui leur a valu le surnom de “champignon de l’immortalité”. C’est le cas du Reishi (Ganoderma lucidum) et du Maitake notamment, deux champignons qui ont été érigés au rang de “Super Food”.
Quelle est l’origine scientifique de cette croyance ? Ils sont riches en bêta-glucanes, des composés qui agiraient en stimulant les macrophages et les fameuses cellules NK : les natural killers. Le shiitake contient notamment du lentinane, dont il a été démontré qu’il supprimait le diabète de type 1 chez les souris et pouvait améliorer la résistance immunitaire de patients sous chimiothérapie. D’autres comme le chaga (Inonotus obliquus) contient un polysaccharide permettant de réduire le taux de sucre dans le sang.
Ils pourraient donc jouer un rôle dans la lutte contre les infections immunitaires et inhiber la croissance des cellules cancéreuses. Actuellement, ces effets ont bien pu être validés sur des souris en laboratoire, ainsi que sur une population humaine de 126 participants en 2023. Ceci supposerait donc qu’une consommation régulière de ces champignons aiderait à prévenir certaines maladies et à améliorer la résistance de l’organisme aux infections.
Bénéficier des effets anti-inflammatoires et antioxydants des champignons
Outre ces propriétés immunitaires, le Reishi et le Shitake (Lentinula edodes) sont également riches en triterpènes et en antioxydants : deux éléments qui contribuent à la réduction de l’inflammation. Or, on sait aujourd’hui que l’inflammation, directement liée au stress oxydatif, est responsable de nombreuses maladies chroniques. Ils sont donc de précieux alliés pour lutter contre le vieillissement cellulaire et prévenir les inflammations chroniques.
Améliorer l’humeur et les facultés cognitives
Autre super-star du moment : le Lion’s Mane ou “Crinière de Lion”. Ce drôle de champignon dont le nom scientifique est Hydne Hérisson se révèlerait très efficace pour renforcer la mémoire et la concentration. Il a donc le vent en poupe en raison de ses vertus supposées sur les facultés cognitives. Pourquoi ? Il stimule la production de NGF (New Growth Factor), une protéine qui favorise la croissance et la santé des neurones. De récentes études envisagent également un possible effet sur la réduction des symptômes d’anxiété et de dépression. Une opportunité non négligeable pour aider les personnes à lutter contre le vieillissement cognitif et à prendre soin de leur santé mentale.
Toutefois : prudence ! Si les études précédemment citées ont pu montrer des propriétés thérapeutiques intéressantes en laboratoire sur des populations de souris, des essais cliniques humains seraient indispensables pour valider ces hypothèses. Or, ils sont à ce jour insuffisants pour les champignons précédemment cités.
En revanche, les dernières recherches sur la psilocybine menées sur des patients humains, montrent des résultats très prometteurs sur l’amélioration de la santé mentale. On sait déjà avec certitude que la psilocybine favorise la neuroplasticité en permettant une forme de reconfiguration cérébrale. En permettant l’accès à des états modifiés de conscience, elle permet également une profonde introspection et l’acceptation de souvenirs ou d’émotions refoulées favorisant un mieux-être durable.
Comment utiliser les champignons médicinaux ?
Panorama des formes disponibles : frais, extraits, capsules et poudres
Si la mycothérapie vous intéresse, vous devez faire une distinction entre deux types de champignons médicinaux. D’une part, les champignons fonctionnels que l’on trouve en vente libre sous différentes formes en parapharmacie et dans les magasins spécialisés. Comme nous l’avons dit précédemment, les bénéfices thérapeutiques de ces espèces telles que Cubensis, Shiitake etc. n’ont pas tous été prouvés scientifiquement sur des individus humains. La communauté scientifique s’accorde pourtant à dire qu’ils ne présentent pas de danger pour la santé. Selon l’usage que l’on souhaite en faire, on se tournera vers la forme la plus appropriée : fraîche, en poudre, extrait liquide ou en capsules. Les champignons frais peuvent être ajoutés aux repas. Extraits et capsules permettent d’assurer un dosage ciblé et régulier à intégrer à sa routine quotidienne.
En revanche – et c’est contradictoire ! – l’usage de la psilocybine reste strictement réglementé dans de nombreux pays et interdit aux particuliers dans bon nombre d’entre eux. Si vous souhaitez bénéficier de ces bienfaits en dehors d’un protocole de traitement expérimental, vous devez donc impérativement faire appel à des professionnels habilités à encadrer des retraites psychédéliques.
Nos conseils pour choisir des produits de qualité
Par ailleurs, l’intérêt croissant pour les vertus thérapeutiques des champignons médicinaux ouvre la porte à bien des dérives… Le marché se développant (on parle de plus de 25 milliards de dollars), des acteurs peu scrupuleux vendent à prix d’or des produits qui ne contiennent pas un gramme de principe actif, tandis que d’autres produisent à bas coût des champignons de mauvaise qualité. Vous n’aurez qu’à parcourir le rayon de certaines boutiques spécialisées : substituts de café, poudres aromatisées, barres chocolatées et même gommes à mâcher : les champignons sont partout ! Pour les champignons médicinaux classiques, il est donc essentiel de se renseigner en amont et de se tourner vers la qualité, en privilégiant les labels biologiques et en vous assurant que la concentration en principes actifs est clairement indiquée. Par ailleurs, le laboratoire doit indiquer l’origine et la méthode de transformation utilisée (comme la double extraction, par exemple).
Concernant la psilocybine, puisqu’elle n’est pas en vente libre, c’est le choix du prestataire encadrant les retraites qui devra retenir toute votre attention. Seuls les professionnels sont en mesure de contrôler la provenance et la qualité des produits et de choisir le dosage approprié pour chaque cas de figure. N’hésitez pas à en discuter lors des entretiens qui précèdent toute retraite psychédélique sérieuse.
Consommer les champignons médicinaux : précautions et effets secondaires
Champignons médicinaux : qui doit les éviter ?
Les champignons médicinaux disponibles en vente libre sont généralement sûrs. Le consensus actuel est le suivant : même si les preuves de leur efficacité sont insuffisantes, ils sont au pire des cas inoffensifs tant qu’on ne les utilise pas pour remplacer un traitement médical prescrit. Toutefois, comme tous compléments alimentaires, ils ne devraient jamais être consommés sans avoir au préalable consulté un professionnel de santé. C’est particulièrement vrai pour les femmes enceintes, les personnes fragilisées par une maladie auto-immune ou prenant un traitement médical, afin d’éviter tout risque d’interférence.
Concernant les psychoactifs, ces recommandations s’appliquent. S’ajoutent à elles des mises en garde spéciales. En effet, comme toute substance active, la psilocybine est susceptible de provoquer des réactions imprévisibles chez des personnes souffrant de troubles psychotiques ou avec des antécédents de maladies mentales, d’anxiété ou de troubles de l’humeur. Là encore, seul un entretien poussé avec des professionnels expérimentés pourra vous permettre d’écarter tout risque et de bénéficier d’une expérience positive favorisant votre mieux être.
Risques de surdosages et effets indésirables
Comme tout produit actif, les champignons médicinaux peuvent provoquer des effets secondaires légers, tels que des maux de têtes, des nausées ou d’autres troubles digestifs. Ces symptômes apparaissent principalement en cas de surdosage ou d’intolérance. Pour limiter ces troubles, il est recommandé de suivre les posologies prescrites par les fabricants et de commencer par de petites quantités d’une seule variété.
La psilocybine peut quant à elle, si elle est consommée en dehors d’un cadre surveillé, provoquer des effets plus marqués : hallucinations, confusion mentale voir “Bad Trip” dans les cas les plus sévères. Un dosage inadapté peut quant à lui conduire à des sensations de paranoïa ou des crises d’angoisse. Il faut donc, encore une fois, s’assurer d’un encadrement thérapeutique professionnel. Car, redisons-le, si les effets secondaires existent dans le cadre des usages récréatifs non encadrés, les bénéfices thérapeutiques de la psilocybine sont aujourd’hui clairement démontrés.
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