Dans le domaine des retraites psychédéliques, deux substances majeures se démarquent : l’Ayahuasca, une préparation traditionnelle amazonienne à base de plantes, et la psilocybine, une molécule issue de certains champignons hallucinogènes. Si toutes deux sont effectivement des psychotropes, leurs effets, leur cadre et leurs usages diffèrent grandement. Alors, comment choisir entre une retraite Ayahuasca et une retraite à la psilocybine ? Nous espérons que cet article pourra vous aider à opter pour ce qui vous conviendra le mieux.
Table des matières
Qu’est-ce qu’une retraite Ayahuasca ?
Origines et contextes traditionnels de l’Ayahuasca
L’Ayahuasca, qui signifie “liane des morts” en dialecte Quechua, est généralement considéré comme le breuvage chamanique par excellence. Originaire d’Amazonie, il s’agit en réalité d’une décoction de plantes très spécifiques, principalement la liane Banisteriopsis caapi et les feuilles de Psychotria viridis. On fait donc bouillir des parties spécifiques des plantes afin d’en extraire les principes actifs. En l’occurrence, le principe est une molécule psychotrope : la DMT (diméthyltryptamine).
Utilisée depuis des siècles par les peuples autochtones d’Amazonie, elle joue un rôle central dans les pratiques chamaniques et spirituelles de guérison puisque les sociétés traditionnelles du Pérou et du Brésil notamment lui prêtent le pouvoir de lier les mondes visibles et invisibles. La cérémonie de l’Ayahuasca est donc d’abord un rituel sacré, où le participant entre en connexion avec le monde spirituel. D’autres communautés religieuses ou spirituelles l’utilisent d’ailleurs également, en dehors de la forêt amazonienne.
Dans ce contexte rituel, l’Ayahuasca (aussi appelé Yagé ou Natem) est exclusivement préparé par les chamanes dont elle favorise la transe chamanique. Elle est également consommée lors de rites d’initiation spécifiques qui durent plusieurs jours. Le novice est d’abord préparé pendant plusieurs jours en forêt, en compagnie du chamane et se plie à un régime spécifique. La cérémonie peut ensuite avoir lieu : elle a généralement des fins thérapeutiques ou divinatoires.
En effet, boire de l’Ayahuasca provoque un état de transe qui, selon la croyance, permettrait au chamane d’accéder aux causes profondes de la souffrance ou de la maladie, que les sociétés traditionnelles amérindiennes associent souvent à la présence d’un “esprit”. Une fois la cause identifiée grâce à la transe, l’homme-médecine peut proposer au malade un traitement approprié.
Effets et bienfaits de l’Ayahuasca
En Occident, l’intérêt pour l’Ayahuasca provient notamment des potentiels effets thérapeutiques de la DMT sur la santé psychologique. Comme pour d’autres substances psychédéliques, des recherches ont commencé à voir le jour pour en mesurer les bénéfices sur le traitement de la dépression, de certaines addictions ainsi que la gestion du stress.
L’une d’entre elles, publiée en mars 2023 dans la revue PNAS, a cherché à mesurer les effets de la DMT sur le cerveau sur un panel de 20 participants. Grâce à la combinaison de plusieurs techniques d’imagerie médicale, ils ont ainsi pu observer un effet profond sur l’ensemble du cerveau, particulièrement au niveau des fonctions exécutives. Les neurobiologistes ont également constaté une forme d’hyperconnexion des différentes régions du cerveau entre elles. Plusieurs recherches valident déjà l’intérêt de cette molécule dans le traitement de la dépression. De la même manière, les études portant sur l’utilisation potentielle de la DMT pour le traitement des addictions à l’alcool, au tabac ou à la cocaïne sont encore insuffisantes, même si un protocole préliminaire canadien avait obtenu des résultats encourageants.
C’est néanmoins en se fondant sur ces effets psychotropes que les retraites ayahuasca promettent une introspection profonde et un sentiment de reconnexion à soi. La boisson est également utilisée pour libérer des traumatismes émotionnels, améliorer la santé mentale et – bien sûr – développer sa spiritualité. Cependant, elle peut également provoquer des effets physiques tels que des nausées et des vomissements, considérés comme une forme de “purge” nettoyant le corps et l’esprit.
Quoi qu’il en soit, une mise en garde s’impose. D’abord, consommer une décoction d’Ayahuasca est très désagréable. Le goût est profondément amer et la texture visqueuse : mieux vaut y être préparé. Ensuite, elle a des effets physiques immédiats : nausées, vomissements et diarrhées font très souvent partie de l’expérience ! En effet, dans la culture traditionnelle, cela fait partie du rituel de purification : les plantes sont choisies pour leurs puissantes vertus purgatives. Enfin, elle induit une altération profonde de la perception qui se traduit par des visions intenses : hallucinations durables, flash lumineux de grande intensité, modification des perceptions sensorielles… Ces visions parfois cauchemardesques peuvent se révéler traumatisantes et s’accompagnent souvent d’un profond sentiment d’angoisse, de solitude et de sensation d’étouffement.
Cadre des retraites Ayahuasca
On comprend donc que les retraites Ayahuasca ne sont pas à prendre à la légère ! Certes, elles peuvent ouvrir la voie à des prises de conscience profondes en levant des blocages anciens. Certains participants relatent en effet des expériences positives, avec un sentiment d’extase et d’euphorie. Ils considèrent que l’expérience chamanique de l’Ayahuasca leur a permis de prendre un nouveau départ ou de faire face plus sereinement à un changement de vie…
Mais, la puissance de la molécule et l’intensité des effets secondaires doivent inviter à la prudence. Les retraites spirituelles à l’Ayahuasca se déroulent généralement dans un cadre rituel, guidé par des chamans expérimentés. Ces cérémonies comprennent des chants traditionnels (comme les icaros), une préparation mentale préalable et des règles strictes de diète pour garantir la sécurité et minimiser les effets indésirables..
Comparaison entre Ayahuasca et psilocybine
Qu’est-ce qu’une retraite à la psilocybine ?
Bien qu’utilisée depuis des siècles dans un contexte traditionnel, comme au Mexique (traidtion Mazatèque), la psilocybine est beaucoup plus utilisée que l’Ayahuasca dans un contexte thérapeutique moderne. Molécule issue de certaines truffes et champignons magiques, la psilocybine est elle-aussi un psychédélique, mais ses effets sont beaucoup mieux connus et maîtrisés.
Les effets de la psilocybine incluent également des modifications de la perception sensorielle et une amplification des émotions, mais les effets secondaires désagréables sont beaucoup plus rares. D’autre part, les facilitateurs qui l’utilisent ont une parfaite connaissance de ces effets et maîtrisent tous les éléments du dosage. Enfin, comme vous pourrez le constater en parcourant nos autres articles, les bienfaits thérapeutiques de la psilocybine sont désormais largement démontrés, notamment dans le traitement de la dépression, de l’anxiété et du stress post-traumatique (TSPT).
Dans ce type de retraites, les participants se retrouvent dans un environnement parfaitement sécurisé, avec une supervision assurée par des thérapeutes professionnels. Par ailleurs, même si les retraites à la psilocybine peuvent avoir une dimension spirituelle, l’approche est beaucoup moins ritualisée que pour l’Ayahuasca. Enfin, les effets bénéfiques se font sentir dès la première cérémonie, y compris dans le traitement des états dépressifs. La plupart des participants décrivent dans tous les cas une sensation de grande clarté mentale et de paix intérieure.
Durée et intensité des effets
L’Ayahuasca et la psilocybine comportent toutes deux des contre-indications et nécessitent des précautions. Les personnes souffrant de troubles psychiatriques graves ou prenant des médicaments spécifiques doivent éviter ces substances, et dans tous les cas, les participants doivent se soumettre à un entretien préalable. L’Ayahuasca, en particulier, nécessite une préparation stricte et des précautions supplémentaires en raison de ses interactions potentielles avec certains médicaments ou aliments.
Comme nous l’avons dit plus haut, l’Ayahuasca provoque des hallucinations très violentes accompagnées de troubles intestinaux. Ces effets durent généralement de 6 à 8h, parfois plus. Même si l’intensité des effets varie selon le dosage, la décoction chamanique est généralement considérée comme plus profonde et exigeante émotionnellement.
Bien que très puissante également, la consommation de psilocybine reste une expérience plus douce si elle est menée dans un cadre professionnel. Surtout, elle n’a pas les effets physiques désagréables associés à l’Ayahuasca. Les états modifiés de conscience s’estompent sur une durée de 4 à 6 heures.
Retraite en France ou à l’étranger ?
En France, l’Ayahuasca et la psilocybine sont toutes deux classées comme stupéfiants, ce qui rend leur consommation illégale. Il est donc totalement interdit – et dangereux – de participer à une retraite psychédélique en France. Et ce, d’autant plus que les retraites clandestines comportent des risques importants en termes de sécurité et d’encadrement.
L’Ayahuasca n’est légale que dans certains pays d’Amérique du Sud comme le Pérou ou le Brésil. Mais attention! Le tourisme chamanique est devenu un vrai business et de nombreux acteurs n’offrent pas les garanties nécessaires en terme d’encadrement.
En revanche, la psilocybine est accessible aux Pays-Bas, où des retraites en français sont proposées légalement dans des environnements contrôlés. Toutefois, il est essentiel de rechercher des centres réputés avec des professionnels qualifiés.
Comment faire le bon choix ?
Si votre objectif est principalement spirituel et que vous cherchez à vivre une expérience psychédélique intense, l’Ayahuasca pourrait être une option. En effet, l’Ayahuasca est profondément ancrée dans les traditions spirituelles, et chaque retraite est imprégnée de rituels chamaniques.
En revanche, si vous êtes en quête de bien-être émotionnel, que vous cherchez à réduire votre stress ou que vous souhaitez vous plonger dans une introspection profonde, la psilocybine vous offrira une expérience sans doute plus accessible.
Dans tous les cas, vous l’avez compris, un accompagnement professionnel est crucial pour garantir une expérience positive et sécurisée. Consultez des thérapeutes, des chamans ou des guides expérimentés pour déterminer quelle substance et quel cadre conviennent le mieux à vos besoins. Enfin, n’oubliez pas que la préparation est une étape clé de toute retraite psychédélique. Ne négligez pas les recommandations qui vous seront données, notamment en ce qui concerne l’alimentation, les pratiques méditatives et les intentions personnelles.
Choisir entre une retraite Ayahuasca et une retraite à la psilocybine dépend donc de vos attentes et de vos objectifs personnels. L’Ayahuasca offre une expérience spirituelle intense ancrée dans des rituels ancestraux, tandis que la psilocybine propose une approche plus moderne tout en étant spirituelle et souvent thérapeutique. Bien qu’exigeante, l’expérience de la psilocybine peut se révéler profondément transformatrice !
