La psilocybine : son statut légal en France ?

Les champignons contenant le composé hallucinogène de la psilocybine poussent naturellement dans toute l’Europe, y compris en France. Toutefois, malgré un intérêt croissant pour ses vertus thérapeutiques, la possession et la consommation de psilocybine est encore strictement interdite dans ce pays. En conséquence, il n’existe actuellement aucune thérapie ni retraite à base de psilocybine proposée légalement en France.

L’avenir de la réglementation des retraites aux champignons suscite donc de nombreuses interrogations : pourquoi une telle interdiction ? Quelles sont les perspectives d’avenir pour cette substance au potentiel thérapeutique déjà reconnu dans de nombreux pays de l’Union Européenne ? Voici un tour d’horizon des débats entourant le statut légal de la psilocybine en France.

Pourquoi la psilocybine n’est-elle pas légale en France ?

Molécule de psilocybine

La psilocybine présente dans les fameux champignons magiques est en réalité une molécule psychoactive. Cela signifie qu’il s’agit d’une substance agissant sur le système nerveux central : son ingestion modifie donc la perception, l’humeur, la motricité et plus généralement l’état de conscience du consommateur, provoquant parfois des hallucinations.

Or, en France, la législation sur les substances psychoactives est particulièrement contraignante. En effet, la France a ratifié les 3 conventions successives des Nations Unies réglementant l’usage des substances psychotropes. Les autorités sanitaires imposent donc un contrôle strict de la production, de la distribution mais aussi de la possession et de la consommation de ces substances. Cette rigueur vise à protéger la santé publique et à prévenir les risques associés à l’abus ou à la méconnaissance des substances psychoactives, tels que les problèmes de santé mentale, les comportements dangereux et la dépendance.

Substance psychoactive, la psilocybine est donc classée dans la liste des stupéfiants par le Code de la Santé Publique, au même titre que le LSD, et son usage est interdit en dehors de contextes de recherche scientifique approuvés. Sur le territoire, sa consommation est donc un délit exposant à des sanctions sévères : jusqu’à 3750 euros d’amende et un an d’emprisonnement (Article L3421-14 du code de santé publique). Cette approche législative reflète la position ferme du gouvernement français sur la nécessité de limiter l’accès à ces substances pour prévenir les risques. Les autorités tendent ainsi à mettre en garde contre les effets secondaires dangereux tels que bad trips, comportements dangereux et troubles psychiatriques.

La France, pionnière des recherches sur la psilocybine !

Néanmoins, malgré son interdiction, la psilocybine fait l’objet d’un regain d’intérêt dans le domaine médical et scientifique. Voyageons un peu dans l’histoire…

Saviez-vous que c’est à un Français, Roger Heim, alors directeur du Muséum d’Histoire Naturelle, que l’on doit l’identification du Psilocybe Mexicana en 1957 ? La France est alors pionnière dans la recherche sur la psilocybine, mais ne tarde pas à se focaliser sur ses potentiels dangers au grand dam des mycologues : « Je n’ai certainement pas besoin d’insister sur le fait que la presse publie chaque jour des informations absolument fausses en ce qui concerne les drogues naturelles. Les champignons hallucinogènes du Mexique, utilisés pendant des siècles par les Indiens, n’ont occasionné aucun trouble sérieux. Ils sont certainement moins délétères que l’alcool de tequila extrait de l’agave qui les a remplacés. » défend Roger Heim dès 1956.

Roger Heim
L’hôpital Sainte-Anne à Paris

C’est donc en France que la première étude clinique est menée à l’hôpital Sainte-Anne dès 1958. Malgré des résultats intéressants sur le traitement de la dépression notamment, les recherches sont abandonnées en 1963, quelques années avant l’interdiction des psychédéliques

Vers un usage médical de la psilocybine ?

Il faut attendre les années 2020 pour que des chercheurs français s’intéressent de nouveau à l’usage médical de la psilocybine. Ce regain d’intérêt, on le doit aux nombreuses études menées depuis plus de 15 ans aux États-Unis ayant largement démontré que la psilocybine pourrait être bénéfique dans le traitement de diverses conditions psychologiques, telles que la dépression résistante au traitement, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou encore l’anxiété liée au cancer.

Néanmoins, malgré la diffusion des études américaines et l’intérêt croissant du milieu médical, les thérapies à base de psilocybine ne sont toujours pas légales en France. C’est que, là où certains pays comme les États-Unis évaluent en priorité les bénéfices possibles d’un nouveau traitement, l’approche française privilégie “le risque zéro”. Pour que la thérapie psilocybine soit autorisée, il faudrait donc que l’innocuité du traitement soit prouvée, et donc que des essais cliniques plus nombreux puissent avoir lieu…

Quelles perspectives d’avenir pour la psilocybine en France ?

De nombreux pays, comme les Pays-Bas, la Suisse, l’Australie et certains états des États-Unis, ont déjà assoupli leurs lois afin de permettre l’utilisation thérapeutique ou récréative de la psilocybine dans des contextes contrôlés. En 2020, l’agence américaine FDA (Food and Drug Administration) a même accordé la désignation de “thérapie innovante” à la psilocybine pour son potentiel dans le traitement de la dépression majeure.

Bien que la psilocybine soit toujours illégale en France, l’évolution des recherches scientifiques pourrait conduire à une adaptation de la législation sur cette substance. Mais un tel changement nécessiterait une réévaluation des preuves par la communauté scientifique, ainsi qu’un débat public sur les bénéfices et les risques potentiels de cette substance…

Luc Mallet, CHU de Nîmes
Luc Mallet, CHU de Nîmes

Le débat autour d’une éventuelle dépénalisation de la psilocybine en France n’est donc pas encore d’actualité, mais le nombre des recherches récentes est encourageant. Ainsi, le chercheur Luc Mallet a-t-il ouvert une section sur les substances psychédéliques au sein de l’Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie. Fabrice Jollant, professeur de psychiatrie à l’université de Paris, espère quant à lui mener une étude française sur l’impact de la psilocybine sur les conduites suicidaires, tandis que le CHU de Nîmes mène une étude pilote sur l’usage des psychédéliques dans le sevrage alcoolique…

Où profiter légalement des bénéfices de la psilocybine ?

En attendant, pour bénéficier des effets positifs de la psilocybine, les français doivent continuer à se rendre dans les pays frontaliers qui ont déjà franchi le pas de la légalisation. Les Pays-Bas sont le seul pays en Europe où il est possible de consommer légalement de la psilocybine en dehors d’un cadre clinique. Contrairement à la plupart des pays européens, les Pays-Bas ont une réglementation plus souple concernant les substances psychoactives, ce qui permet la vente et la consommation de truffes contenant de la psilocybine.

Mais attention ! S’il est possible d’acheter et de consommer des truffes magiques en toute légalité aux Pays-Bas, ce n’est pas recommandé ! Comme nous l’avons dit, il s’agit bel et bien de substances hallucinogènes qui nécessitent une très bonne connaissance des protocoles. Il est donc fortement recommandé de participer à une retraite encadrée où les participants peuvent explorer les effets de la psilocybine sous la supervision de professionnels formés, garantissant une expérience sécurisée et enrichissante. Ces retraites psychédéliques peuvent permettre d’explorer sa conscience, d’améliorer son bien-être mental et de vivre une expérience unique de reconnexion à soi dans un environnement légal et contrôlé.

Actuellement, la psilocybine reste illégale en France, classée comme stupéfiant sans usage autorisé. Cependant, les avancées scientifiques et les discussions internationales sur ses bienfaits thérapeutiques pourraient influencer une future réévaluation de son statut légal. Dans l’attente d’un futur assouplissement de la réglementation, il est possible de profiter légalement des bienfaits thérapeutiques de la psilocybine en participant à des retraites psychédéliques encadrées aux Pays-Bas.